La bataille du Mont-Blanc
Lors de l’escalade d’une montagne, il faut commencer par ses pieds, décider entre un côté ou l’autre. Ici, je commence par le sommet, comme si j'étais un oiseau qui atterrit sur la partie la plus haute. La montagne en question : le Mont-Blanc. Mais non pas celle des Alpes, aussi lointaines soient-elles. Celle-ci se trouve sur une assiette, sur une table, dans une salle, dans le palais de Versailles. Précisément dans le salon de thé Angélina. Mes ustensiles ne sont pas ceux de l’escalade, mais ceux de la plus basique et la plus difficile des sports : la dégustation.
Mes voisins me regardent, fascinés, peut-être terrifiés aussi. Comment va-t-il attaquer ce monstre qui lui fait face ? Il faut dire que ce monstre ressemble plutôt à une montgolfière qu’une véritable montagne, mais ne soyez pas trompé ! Une chevelure marron de pâte de marrons cache une boule de Chantilly d’une lourde douceur. Cette boule cache elle-même un biscuit de meringue d’une légèreté énorme.
Je prends une photo de mon adversaire (si je n'arrive pas jusqu’au bout, au moins ils pourront identifier mon assassin. Je tiens la fourchette et le couteau que le serveur m’a fourni pour ce défi (il ne montre aucun signe d’émotion. Je lance l’offensive (il cède immédiatement. Hélas ! je me suis trompé. Je n’ai pas du tout gagné. Son goût si doux cachait une lourdeur inattendue. Son allure si innocente cachait une méchanceté imperceptible. Je suis battu. Je suis vaincu. Je ne suis plus. Mais que pour l’instant.
Joakim
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