Le bonheur est circulaire
Paola Martínez Jáuregui
On se dit toujours que la farine nous fait grossir, une idée millénaire qui reste depuis l'enfance dans un coin de nos têtes. Alors, pour ceux d’entre nous qui sont au régime, les tortillas à la farine du Nord constituent un véritable ennemi[1]. En plus, un ennemi qui laisse de petites traînées de farine blanche là où il va, comme des pas sur une scène de crime.
C’est trop indigeste, c’est trop mou, c'est trop lourd. Mais cette petite[2] boule de pâte, qui a été aplanie, puis cuite au feu de bois. Cette petite spécialité mexicaine[3] qui a ses origines dans le Nord du pays, où l'hiver est plus froid et l'été plus chaleureux. Ce petit cercle de tendresse qui veut nous accompagner sans aucun doute à chaque repas[4], ne peut être que le bonheur, dans une présentation ronde et plate, bien emballé pour arriver jusqu'à chez nous.
Imaginez-vous s’il vous plaît, je viens de sortir de l'école primaire, je suis fatiguée, mais aujourd'hui c'est lundi. Il suffit juste que ma mère sorte son porte-monnaie, et je le sais, nous allons acheter des tortillas. Il est 14h, l'heure idéale pour arriver à la tortillerie, ainsi, j’ai échangé deux pièces de 10 pesos pour ce merveilleux sac plastique[5] d´un kilo. Pendant que je le reposais sur mes jambes, la chaleur qui émanait des tortillas de farine fraîchement sorties du feu me brûlait, par contre je n’ai jamais osé les retirer, car cette brûlure représentait pour moi: l’amour brûlant caractéristique de mon peuple dont, je suis aujourd’hui, très fière.
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